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Tension et unité – Pavel Florensky

Tension et unité entre la tradition et l’expérience personnelle dans la connaissance de Dieu chez Pavel Florensky

Pavel A. Florensky (1882-1937), un grand physicien et mathématicien russe devenu prêtre et “philosophe religieux”, a cherché d’unir la Tradition chrétienne, ses larges connaissances scientifiques et sa propre expérience personnelle. Pour comprendre sa pensée, il serait important de connaître mieux sa vie. Je ne peux pas raconter toute sa vie[1], mais je veux souligner au moins un aspect de son expérience personnelle : la tension entre la nature visible e le mystère, ce que Florensky a vécu depuis son enfance. à partir de cette expérience, ou il découvre l’importance du symbole et de l’existence de Dieu, son rapport envers la Tradition et l’expérience personnelle dans la connaissance de Dieu sera plus compréhensible.

Entre le visible et le mystère – le symbole

Florensky raconte dans ses souvenirs[2] qu’il avait un vif intérêt pour la nature qu’il aimait explorer, et pour les sciences naturelles qu’il a appris de ses parents et de ses enseignants. Il a aimé faire les expérimentations, mesurer, étudier et réfléchir sur les lois naturelles. Il a toujours eu un sens aiguë pour le mystère, pour tout ce qui n’est pas ordinaire, qui ne suit pas les lois naturelles, qui n’entre pas dans les catégories des sciences positives – tout ce qu’on ne peut pas exprimer avec des “idées claires et distinctes”. Il s’est intéressé aux grottes, aux passage entre le jour et la nuit, aux maladies mentales, à la magie et aux autres choses “extraordinaires”.
Ce double intérêt a provoqué une tension en lui et l’a finalement porté à une crise profonde à l’époque du lycée. Son éducation sans religion portait surtout à croire dans les lois naturelles et empiriques. Par ailleurs, comme il était attiré par les choses mystérieuses, il a senti que la vraie vie est ailleurs, qu’elle est inexprimable, mais vraie. Cette crise est de plus en plus forte et dure jusqu’au moment où il a senti, au plus profond de lui, une profonde conviction : si Dieu n’existe pas, rien n’a de sens. Il est persuadé que le Mystère qu’il perçoit et qu’il ne peut pas exprimer est le fondement de tout ce qui existe, de ce qui est visible et pensable.
Florensky découvre ainsi le “symbole”, qui unit les “deux mondes”, le visible et le mystérieux, qui est même plus réel que le premier. Toute les choses et tous les concepts sont devenus pour lui symboles : ils indiquent le “monde mystérieux”, ils ouvrent à sa connaissance.
Après cette découverte, Florensky continue ses recherches scientifiques jusqu’à la fin de sa vie, surtout pendant la Révolution qui lui a empêché de travailler dans le domaine de la philosophie et de la théologie. Pour lui, en effet, les sciences et la raison restent très importantes, font partie de la vie. Pourtant, c’est le mystère de Dieu et de la personne humaine, qui reste le fondement de tout.

Entre la lettre et l’esprit – les symboles de la foi

La tension et l’unité entre ces “deux mondes” devient actuelle et encore plus explicite dans sa recherche religieuse. En effet, après sa conversion, il s’est engagé dans l’Église orthodoxe. Il a pris certaines expressions religieuses même trop à la lettre et bientôt il s’est retrouvé de nouveaux dans une autre tension : entre la “lettre” de la Tradition et l’expérience personnelle de la foi. Mais, il comprend vite, comme il l’écrit au début de son œuvre majeure La colonne et le fondement de la Vérité[3] que « l’expérience religieuse vivante » est « le seul moyen légitime de connaître les dogmes » car « ce n’est qu’en se fondant sur l’expérience immédiate que l’on peut se faire une vue d’ensemble et une idée de la valeur des trésors spirituels de l’Église »[4]. Pour lui, les dogmes et les rites restent toujours très importants, mais en tant qu’unis à l’expérience personnelle. En effet, c’est à partir d’elle et en fonction d’elle que l’Écriture, les rites et les dogmes se sont formés. Toutes ces expressions religieuses sont le fruit d’une expérience, d’une relation personnelle avec le mystère de Dieu, et elles sont aussi les moyens qui nous aident à vivre l’expérience religieuse, d’entrer en relation personnelle avec Dieu. C’est ainsi qu Florensky trouve l’unité entre les deux, entre “la lettre et l’esprit”.
Le prototype et le critère de ce rapport entre la Tradition et l’expérience personnelle est le Christ. Florensky souligne plusieurs fois que le vrai sens de toutes ses activités philosophiques et théologiques est d’orienter l’homme vers le Christ. Le Christ est, en effet, le symbole par excellence, qui unit les deux mondes : lui qui est l’homme, visible, touchable et pensable, et en même temps Dieu, qui reste pour nous un mystère incompréhensible et inexprimable.
à partir du Christ, nous pouvons comprendre aussi les autres symboles. Pour Florensky, les symboles sont un aspect essentiel de la vie. Toute notre expression religieuse et tout concept théologique – comme d’ailleurs tout moyen de la communication humaine – est symbolique : l’aspect extérieur et compréhensible est uni à une expérience d’une réalité plus profonde, mystérieuse, ineffable ; en même temps, le symbole renvoie à cette expérience, aide l’homme à le revivre, à entrer à une relation personnelle avec l’autre.
Le symbole, pour Florensky, est l’unité des “deux mondes”. Il ne s’agit pas d’une fusion ou d’un compromis. Ils restent deux mondes, et en même temps ils sont unis – semblablement comme le mystère des deux natures du Christ (le dogme de Calcédoine). Cela montre un aspect fondamental du symbole et, en générale, de la vie spirituelle : “l’antinomie”. Il s’agit d’une contradiction apparente : deux proposition contradictoires, qui pour notre raison ne sont pas conciliables, peuvent dans la foi et dans la vie être vraies en même temps, sans exclusion ou fusion. Il est impossible pour l’entendement, mais il est possible pour la “raison purifiée” – en sortant de la seule lettre et du seul raisonnement formel et logique, en s’ouvrant avec confiance au mystère de l’Autre.
Tout langage symbolique (par exemple le dogme de la Trinité, l’icône, la liturgie eucharistique, etc.) est aussi “apophatique” : il ne veut pas être une définition exacte des réalités qu’il exprime, il ne veut pas les expliquer, mais plutôt ouvrir à une contemplation du mystère, à une relation personnelle avec Dieu et avec toute personne. Le problème se pose quand on veut trop expliquer, trop rationaliser ces symboles de la foi : ainsi on dévie facilement loin de la Vérité.

La connaissance de la Vérité

L’antinomie et l’attitude apophatique nous gardent de la tentation de vouloir tout comprendre et nous aident à s’ouvrir au mystère, à la relation personnelle avec l’Autre, à la Vérité. Celle-ci est personnelle, vivante, mystérieuse, et non pas rationnelle. Florensky affirme – à la suite de la Tradition chrétienne – que la Vérité est le mystère de la Sainte Trinité, le mystère de vie des trois Personnes libres, unies dans l’amour. La vraie connaissance de cette Vérité, par conséquent, ne se passe pas dans le savoir ou dans la compréhension purement rationnelle des symboles ou du langage, de la lettre, qui l’exprime ; la connaissance se vit dans la relation personnelle à laquelle tous ses moyens nous ouvrent, nous aident à entrer.
On est toujours tenté d’aller dans l’un ou l’autre extrême dans la connaissance de la Vérité, de Dieu : on comprend trop à la lettre la Tradition et on l’absolutise, ou on la rejette, on s’appuie seulement sur sa propre expérience, sur la seule raison, ou on se laisse porter par son propre sentiment. Le défi et en même temps la difficulté – qu’a connu aussi Florensky – est d’unir les deux : la lettre de la Tradition et l’expérience personnelle, la raison et le sentiment. Le critère pour cette unité dans la connaissance est le Christ, qui révèle Dieu le Père, l’Amour. « Dieu est Amour », dit saint Jean (1Jn 4,8), et le connaître n’est possible que dans l’amour, dans une relation personnelle. Et comme le dit saint Grégoire de Nysse : la connaissance de Dieu est vraie quand “la connaissance devient amour”[5]. Seulement dans une relation personnelle et libre l’autre (Autre) peut se révéler et l’homme est capable d’accepter cette révélation. Dans cette relation personnelle, toute la personne avec toutes ses capacités (la raison, les sentiments, les sens, le corps, etc.) doit être présente : c’est cela la “connaissance intégrale”.

Vers le dialogue

Quelle est l’actualité de Florensky et des autres penseurs religieux russes aujourd’hui ? Non pas dans la répétition à la lettre de tout ce qu’ils disent, mais plutôt dans leur manière de faire la philosophie religieuse et la théologie : ils était enracinés dans la tradition chrétienne, qu’ils ont confronté avec leur propre expérience et ont essayé d’exprimer dans le langage de leur temps. Probablement, le même langage aujourd’hui ne sera plus pertinent et il faudra chercher d’autres moyens. L’essentielle est de tenir l’unité et l’équilibre entre la tradition et l’expérience personnelle. Et encore une autre chose : c’est seulement la confiance en l’autre qui nous permet de le connaître. Le critère de la connaissance est l’amour, révélé par le Christ.
Cette attitude peut nous aider aussi dans les relations entre les chrétiens. Si nous prenons les expressions des autres (les rites, les dogmes, etc.) comme des symboles et si nous avons la confiance envers les autres, le chemin vers l’unité sera plus facile. Le plus grand péché est de vouloir affirmer seulement nos propres positions et expressions, et cela souvent avec une logique rationnelle ou avec des argument purement irrationnels. La confiance et une approche intégrale (avec toutes nos capacités cognitives), par contre, nous ouvrent des vois inattendues. Cette même attitude peut nous ouvrir aussi à un dialogue avec les autres croyant des autres religions et à toute personne de bonne volonté.


[1] Pour mieux connaître sa vie et sa pensée, voir : N. Valentini, La sapienza dell’amore. Teologia della bellezza e linguaggio della verità, Bologna, 1997; L. Žak, Verità come etos. La teodicea trinitaria di P. A. Florenskij, Roma, 1998 ; M. Žust, « Pavel Florenski in religiozna izkušnja [Pavel Florensky et l’expérience religieuse] », in Tretji dan, 1-2, 2001, p. 13-25.

[2] Detjam moim. Vospominan’ja prošlyh dnej. Genealogičeskie issledovanija. Iz Soloveckih pisem. Zaveščanie [À mes enfants. Souvenirs des jours passés. Recherches généalogiques. Extraits des lettres de Solovki. Testament], Moskva, Moskovskij Rabočij, 1992, 560 p.

[3] Stolp i utverždenie Istiny. Opyt pravoslavnoj feodicej v dvenatcati pis’mah, Moskva, Put’, 1914 (traduction française : Lausanne, 1975).

[4] Ibid., p. 3 (tr. fr., p. 9).

[5] Cf. Grégoire de Nysse, De l’âme et de la résurrection, in PG 46, 96C.

 

Tension et unité – Pavel Florensky

Tension et unité entre la tradition et l’expérience personnelle dans la connaissance de Dieu chez Pavel Florensky

Pavel A. Florensky (1882-1937), un grand physicien et mathématicien russe devenu prêtre et “philosophe religieux”, a cherché d’unir la Tradition chrétienne, ses larges connaissances scientifiques et sa propre expérience personnelle. Pour comprendre sa pensée, il serait important de connaître mieux sa vie. Je ne peux pas raconter toute sa vie[1], mais je veux souligner au moins un aspect de son expérience personnelle : la tension entre la nature visible e le mystère, ce que Florensky a vécu depuis son enfance. à partir de cette expérience, ou il découvre l’importance du symbole et de l’existence de Dieu, son rapport envers la Tradition et l’expérience personnelle dans la connaissance de Dieu sera plus compréhensible.

Entre le visible et le mystère – le symbole

Florensky raconte dans ses souvenirs[2] qu’il avait un vif intérêt pour la nature qu’il aimait explorer, et pour les sciences naturelles qu’il a appris de ses parents et de ses enseignants. Il a aimé faire les expérimentations, mesurer, étudier et réfléchir sur les lois naturelles. Il a toujours eu un sens aiguë pour le mystère, pour tout ce qui n’est pas ordinaire, qui ne suit pas les lois naturelles, qui n’entre pas dans les catégories des sciences positives – tout ce qu’on ne peut pas exprimer avec des “idées claires et distinctes”. Il s’est intéressé aux grottes, aux passage entre le jour et la nuit, aux maladies mentales, à la magie et aux autres choses “extraordinaires”.
Ce double intérêt a provoqué une tension en lui et l’a finalement porté à une crise profonde à l’époque du lycée. Son éducation sans religion portait surtout à croire dans les lois naturelles et empiriques. Par ailleurs, comme il était attiré par les choses mystérieuses, il a senti que la vraie vie est ailleurs, qu’elle est inexprimable, mais vraie. Cette crise est de plus en plus forte et dure jusqu’au moment où il a senti, au plus profond de lui, une profonde conviction : si Dieu n’existe pas, rien n’a de sens. Il est persuadé que le Mystère qu’il perçoit et qu’il ne peut pas exprimer est le fondement de tout ce qui existe, de ce qui est visible et pensable.
Florensky découvre ainsi le “symbole”, qui unit les “deux mondes”, le visible et le mystérieux, qui est même plus réel que le premier. Toute les choses et tous les concepts sont devenus pour lui symboles : ils indiquent le “monde mystérieux”, ils ouvrent à sa connaissance.
Après cette découverte, Florensky continue ses recherches scientifiques jusqu’à la fin de sa vie, surtout pendant la Révolution qui lui a empêché de travailler dans le domaine de la philosophie et de la théologie. Pour lui, en effet, les sciences et la raison restent très importantes, font partie de la vie. Pourtant, c’est le mystère de Dieu et de la personne humaine, qui reste le fondement de tout.

Entre la lettre et l’esprit – les symboles de la foi

La tension et l’unité entre ces “deux mondes” devient actuelle et encore plus explicite dans sa recherche religieuse. En effet, après sa conversion, il s’est engagé dans l’Église orthodoxe. Il a pris certaines expressions religieuses même trop à la lettre et bientôt il s’est retrouvé de nouveaux dans une autre tension : entre la “lettre” de la Tradition et l’expérience personnelle de la foi. Mais, il comprend vite, comme il l’écrit au début de son œuvre majeure La colonne et le fondement de la Vérité[3] que « l’expérience religieuse vivante » est « le seul moyen légitime de connaître les dogmes » car « ce n’est qu’en se fondant sur l’expérience immédiate que l’on peut se faire une vue d’ensemble et une idée de la valeur des trésors spirituels de l’Église »[4]. Pour lui, les dogmes et les rites restent toujours très importants, mais en tant qu’unis à l’expérience personnelle. En effet, c’est à partir d’elle et en fonction d’elle que l’Écriture, les rites et les dogmes se sont formés. Toutes ces expressions religieuses sont le fruit d’une expérience, d’une relation personnelle avec le mystère de Dieu, et elles sont aussi les moyens qui nous aident à vivre l’expérience religieuse, d’entrer en relation personnelle avec Dieu. C’est ainsi qu Florensky trouve l’unité entre les deux, entre “la lettre et l’esprit”.
Le prototype et le critère de ce rapport entre la Tradition et l’expérience personnelle est le Christ. Florensky souligne plusieurs fois que le vrai sens de toutes ses activités philosophiques et théologiques est d’orienter l’homme vers le Christ. Le Christ est, en effet, le symbole par excellence, qui unit les deux mondes : lui qui est l’homme, visible, touchable et pensable, et en même temps Dieu, qui reste pour nous un mystère incompréhensible et inexprimable.
à partir du Christ, nous pouvons comprendre aussi les autres symboles. Pour Florensky, les symboles sont un aspect essentiel de la vie. Toute notre expression religieuse et tout concept théologique – comme d’ailleurs tout moyen de la communication humaine – est symbolique : l’aspect extérieur et compréhensible est uni à une expérience d’une réalité plus profonde, mystérieuse, ineffable ; en même temps, le symbole renvoie à cette expérience, aide l’homme à le revivre, à entrer à une relation personnelle avec l’autre.
Le symbole, pour Florensky, est l’unité des “deux mondes”. Il ne s’agit pas d’une fusion ou d’un compromis. Ils restent deux mondes, et en même temps ils sont unis – semblablement comme le mystère des deux natures du Christ (le dogme de Calcédoine). Cela montre un aspect fondamental du symbole et, en générale, de la vie spirituelle : “l’antinomie”. Il s’agit d’une contradiction apparente : deux proposition contradictoires, qui pour notre raison ne sont pas conciliables, peuvent dans la foi et dans la vie être vraies en même temps, sans exclusion ou fusion. Il est impossible pour l’entendement, mais il est possible pour la “raison purifiée” – en sortant de la seule lettre et du seul raisonnement formel et logique, en s’ouvrant avec confiance au mystère de l’Autre.
Tout langage symbolique (par exemple le dogme de la Trinité, l’icône, la liturgie eucharistique, etc.) est aussi “apophatique” : il ne veut pas être une définition exacte des réalités qu’il exprime, il ne veut pas les expliquer, mais plutôt ouvrir à une contemplation du mystère, à une relation personnelle avec Dieu et avec toute personne. Le problème se pose quand on veut trop expliquer, trop rationaliser ces symboles de la foi : ainsi on dévie facilement loin de la Vérité.

La connaissance de la Vérité

L’antinomie et l’attitude apophatique nous gardent de la tentation de vouloir tout comprendre et nous aident à s’ouvrir au mystère, à la relation personnelle avec l’Autre, à la Vérité. Celle-ci est personnelle, vivante, mystérieuse, et non pas rationnelle. Florensky affirme – à la suite de la Tradition chrétienne – que la Vérité est le mystère de la Sainte Trinité, le mystère de vie des trois Personnes libres, unies dans l’amour. La vraie connaissance de cette Vérité, par conséquent, ne se passe pas dans le savoir ou dans la compréhension purement rationnelle des symboles ou du langage, de la lettre, qui l’exprime ; la connaissance se vit dans la relation personnelle à laquelle tous ses moyens nous ouvrent, nous aident à entrer.
On est toujours tenté d’aller dans l’un ou l’autre extrême dans la connaissance de la Vérité, de Dieu : on comprend trop à la lettre la Tradition et on l’absolutise, ou on la rejette, on s’appuie seulement sur sa propre expérience, sur la seule raison, ou on se laisse porter par son propre sentiment. Le défi et en même temps la difficulté – qu’a connu aussi Florensky – est d’unir les deux : la lettre de la Tradition et l’expérience personnelle, la raison et le sentiment. Le critère pour cette unité dans la connaissance est le Christ, qui révèle Dieu le Père, l’Amour. « Dieu est Amour », dit saint Jean (1Jn 4,8), et le connaître n’est possible que dans l’amour, dans une relation personnelle. Et comme le dit saint Grégoire de Nysse : la connaissance de Dieu est vraie quand “la connaissance devient amour”[5]. Seulement dans une relation personnelle et libre l’autre (Autre) peut se révéler et l’homme est capable d’accepter cette révélation. Dans cette relation personnelle, toute la personne avec toutes ses capacités (la raison, les sentiments, les sens, le corps, etc.) doit être présente : c’est cela la “connaissance intégrale”.

Vers le dialogue

Quelle est l’actualité de Florensky et des autres penseurs religieux russes aujourd’hui ? Non pas dans la répétition à la lettre de tout ce qu’ils disent, mais plutôt dans leur manière de faire la philosophie religieuse et la théologie : ils était enracinés dans la tradition chrétienne, qu’ils ont confronté avec leur propre expérience et ont essayé d’exprimer dans le langage de leur temps. Probablement, le même langage aujourd’hui ne sera plus pertinent et il faudra chercher d’autres moyens. L’essentielle est de tenir l’unité et l’équilibre entre la tradition et l’expérience personnelle. Et encore une autre chose : c’est seulement la confiance en l’autre qui nous permet de le connaître. Le critère de la connaissance est l’amour, révélé par le Christ.
Cette attitude peut nous aider aussi dans les relations entre les chrétiens. Si nous prenons les expressions des autres (les rites, les dogmes, etc.) comme des symboles et si nous avons la confiance envers les autres, le chemin vers l’unité sera plus facile. Le plus grand péché est de vouloir affirmer seulement nos propres positions et expressions, et cela souvent avec une logique rationnelle ou avec des argument purement irrationnels. La confiance et une approche intégrale (avec toutes nos capacités cognitives), par contre, nous ouvrent des vois inattendues. Cette même attitude peut nous ouvrir aussi à un dialogue avec les autres croyant des autres religions et à toute personne de bonne volonté.


[1] Pour mieux connaître sa vie et sa pensée, voir : N. Valentini, La sapienza dell’amore. Teologia della bellezza e linguaggio della verità, Bologna, 1997; L. Žak, Verità come etos. La teodicea trinitaria di P. A. Florenskij, Roma, 1998 ; M. Žust, « Pavel Florenski in religiozna izkušnja [Pavel Florensky et l’expérience religieuse] », in Tretji dan, 1-2, 2001, p. 13-25.

[2] Detjam moim. Vospominan’ja prošlyh dnej. Genealogičeskie issledovanija. Iz Soloveckih pisem. Zaveščanie [À mes enfants. Souvenirs des jours passés. Recherches généalogiques. Extraits des lettres de Solovki. Testament], Moskva, Moskovskij Rabočij, 1992, 560 p.

[3] Stolp i utverždenie Istiny. Opyt pravoslavnoj feodicej v dvenatcati pis’mah, Moskva, Put’, 1914 (traduction française : Lausanne, 1975).

[4] Ibid., p. 3 (tr. fr., p. 9).

[5] Cf. Grégoire de Nysse, De l’âme et de la résurrection, in PG 46, 96C.

 

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